Théâtre musical de Paul Claudel

La Cantate à Trois Voix

« Trois jeunes femmes, la nuit du solstice d’été, sur la terrasse d’un château dans les Alpes, parmi les forêts, les vignes et les moissons, Laeta, Fausta, Beata, l’une latine, la seconde polonaise, la troisième égyptienne, l’une fiancée, l’autre éloignée de son époux, la troisième veuve (…) rêvent, regardent, conversent et chantent. »

Ainsi Claudel présente-t-il ce long poème dramatique, écrit en 1911, unique dans son œuvre et dans toute la littérature française par sa perfection mélodique, la profondeur de ses thèmes et la grâce de sa méditation.
Tarik Benouarka, compositeur et dramaturge, a souhaité pour le 150ème anniversaire de la naissance de l’auteur, remettre en lumière ce véritable chef d’œuvre du répertoire français, peu connu et très peu joué afin de partager avec un public large la beauté de sa langue et la force toute actuelle de ses thématiques.
Il en présente une adaptation qui ancre ses sujets éternels de la femme et du désir dans une modernité nouvelle et marie la poésie des mots de Claudel à une partition musicale sensible et inspirée, car dramatique, lyrique, mystique, la Cantate est aussi une œuvre musicale.
La pièce de théâtre musicale d’une heure 15 réunit, dans une scénographie originale, épurée, trois comédiennes de talent : Danièle Meyrieux, Pauline Moingeon-Vallès, Mélodie Le Blay et une jeune violoncelliste Eléonore Siala Bernhardt dont l’instrument viendra s’enrouler autour des mots et de la musique.
L’œuvre a été créée au Théâtre de l’Epée de Bois- Cartoucherie Paris en octobre 2018.

Vidéos, photos et extraits musicaux

Bande Annonce « La Cantate à  3 voix » – Claudel – Musique T.Benouarka

Extraits(3m3) Création La Cantate à 3 Voix-Claudel – Cartoucherie Vincennes-2018

Diaporama- La Cantate à 3 Voix-Claudel- Cartoucherie oct 18

L'argument

Hymne à la Femme et au Désir

«Le bonheur est de cette heure même où celui que notre cœur aime nous manque» Fausta dans la Cantate à 3 Voix

Hors du temps, projetées vers une certaine éternité, 3 femmes, aux 3 âges de la vie, 3 visages qui se complètent en un seul, une nuit, se rencontrent…Et chacune laisse alors monter en elle, le long chant de ses attentes…Comme si toute chose était dessinée par son vide, la nuit devient l’écrin de toutes pensées.

Elles invoquent, elles convoquent l’être absent, l’être aimé. Et chacune a son histoire tandis que peu à peu se tisse le drame intime qui ressemble au combat du désir et du possible.

C’est Laeta qui parle la première. Elle célèbre le fiancé, le promis. Celui qui n’est encore qu’un rêve et qu’elle ne connaît pas.

A son tour, vient Fausta…L’exilée…Elle parle…puissante…guerrière. Elle s’adresse à celui qui est si loin d’elle et qui fut son compagnon.

S’avance enfin Beata. Elle murmure le deuil de celui qui n’est plus…son mari et l’amour au-delà de la vie.

Si l’homme n’apparaît pas, c’est qu’il est plus vivant, plus présent encore dans l’imaginaire de ces trois femmes.

Il s’agit de la vie comme d’une trajectoire, de l’exil et de la mort, de l’attente, des douleurs, de l’espoir, du destin dont les chemins ne seront pas fixés par les circonstances…mais par l’amour.

L’œuvre est un hymne à la Femme et au Désir…

La forme

Un poème musical

Disciple de Rimbaud et de Mallarmé, Paul Claudel, virtuose de l’art poétique, toujours à la recherche des grands secrets de la création, amoureux du dialogue de l’esprit et de l’âme, nous livre avec la Cantate à Trois Voix une œuvre aux multiples profondeurs.

Le poème, complexe, symbolique et puissant, tranche en apparence avec la simplicité de son argument, mais pour mieux permettre encore d’en révéler le sens.

Dramatique, lyrique, mystique, la Cantate est aussi une œuvre musicale.

Aux répliques brèves des dialogues succèdent des cantiques, longs monologues poétiques, centrés sur un thème, où chaque femme à son tour va mêler sa voix à la musique pour célébrer le désir, l’attente et l’espérance.

La partition

Création originale de Tarik Benouarka, compositeur

« La vie est un au-delà de quelque chose… 

C’est le sentiment que m’inspire la lecture de cette œuvre magistrale de Paul Claudel…

 Aussitôt, le poème vous emplit d’absolu, vous transporte au cœur de vous-même, délivre vos sentiments et vous implique peu à peu dans ce profond voyage…

 3 voix, 3 Femmes, 3 lignes s’incarnent dans ce texte qui jaillit comme le feraient trois sources au même endroit…

 Le poème m’inspire une musique qui serait au-delà du temps, qui se teinterait parfois de sonorités de la nature, du vent, de sons étranges et de nappes méditatives comme de grands thèmes romantiques, sombres, joyeux ou profonds qui s’entrelacent…

J’entends comme une étreinte entre les mondes, une rencontre entre des langages, comme une tour de Babel musicale dans laquelle résonneraient les couleurs de l’occident et de l’orient…

Les musiques primitives et le premier mouvement d’un Andante.

J’entends également comme des thèmes qui incarneraient musicalement chacune de ces femmes, de ces voix et laisseraient aux mots du poème tout l’espace pour s’envoler.

Le rythme des phrases, la puissance des mots m’inspirent des images de transhumances soufis et nomades défiant l’immensité.  Des mélodies intimes et romantiques, mais aussi la rencontre de l’obscurité et de la lumière. »

L'Écrivain : Paul Claudel

Dramaturge, poète et romancier

Né en 1868 en Champagne, Paul Claudel écrit a quinze ans son premier essai dramatique : L’Endormie, puis, dans les années 90, ses premiers drames symbolistes(Tête d’Or, La Ville).

L’année 1886 se révèlera décisive par sa rencontre avec la foi, qui marquera toute son œuvre.

Parallèlement à ses activités d’écrivain, Paul Claudel mène pendant près de quarante ans une carrière de diplomate, qui le conduira à parcourir le monde, des Etats Unis à la Chine, le Japon en passant par différentes capitales d’Europe.

Son œuvre est empreinte d’un lyrisme puissant. C’est à la Bible qu’il emprunte sa forme d’écriture préférée : le verset dont il use autant dans sa poésie(Cinq grandes Odes), ses traités philosophico-poétiques (Connaissance de l’Est, Art Poétique) que dans son théâtre(Partage du midi).

Œuvres de maturité, la trilogie dramatique : L’Otage-Le Pain dur- Le Père humilié, puis L’Annonce faite à Marie et enfin le Soulier de satin, son œuvre capitale, devaient lui apporter une gloire méritée.

Il sera élu à l’Académie Française en 1946 et meurt en 1955.

 

La quête de Paul Claudel dans la « Cantate à Trois Voix »

Claudel a 44 ans quand au retour d’un séjour à Prague, il passe le mois de juin 1911 au château d’Hostel en Valromey. Là, il retrouve les paysages de son enfance et compose cette œuvre singulière « La Cantate à Trois Voix ».

Ayant beaucoup voyagé et de par son expérience de diplomate, il pressent la fin de l’Europe heureuse et le début d’une autre ère, entrevue déjà en Europe centrale, un carrefour de territoires où les peuples se croisent et se heurtent. Ces déchirements seront évoqués, dans la Cantate, par Fausta, la polonaise, l’exilée, qui parle de cette patrie divisée, envahie et meurtrie.

Au cours de cette trêve printanière, Paul Claudel comprend que, lui aussi, aborde une nouvelle époque…Il garde un souvenir brûlant de sa passion pour son « Ysé » mais cette Ysé – Rosalie Vetch, amour impossible rencontré à 30 ans sur le bateau qui les menait à Pékin – a disparu. Et c’est ainsi que le poète dans sa Cantate, et d’ailleurs dans nombre de ses œuvres – le Partage de Midi, Le Soulier de Satin…- va évoquer l’absence et le désir de l’être aimé.

Claudel est homme de Désir. Selon lui, l’amour n’a de beauté que s’il n’est pas accompagné par la satisfaction et il cultive une idée d’amour impossible. L’absence, l’attente sont des feux qui brûlent et entraînent au-delà de soi pour une joie sans fin, bien au-delà de la réalité de l’amour lui-même.

Ainsi Claudel crée-t-il dans « La Cantate à Trois voix » ces trois femmes, trois vestales de l’absence, en un instant suspendu d’éternité, trois facettes de lui-même pour évoquer l’inexprimable amour qu’il a ressenti.

Le Compositeur : Tarik Benouarka

Compositeur, poète, créateur de spectacles et d’opéras

Artiste français né à Alger, Tarik Benouarka commence l’apprentissage de la musique à 4 ans avant de poursuivre ses études musicales à Paris, où il obtient un premier prix d’Instrument et d’Harmonie.

Multi-instrumentiste (piano, oud et percussions) il se passionne pour de nombreuses formes de musique contemporaine, collaborant avec de grands noms du cinéma ou du spectacle(Blain, Mugler, Beyoncé, Higelin, Jacno…), développant à travers ces expériences ses propres couleurs musicales et forgeant son style et son écriture, avant d’aborder l’art de l’écriture dramatique et l’Opéra dans lequel il exprime toutes ses passions: la musique, la poésie et le chant, la dramaturgie et tous les arts de la scène.

Depuis plus d’une décennie, il s’attache à développer un répertoire de compositions classiques, lyriques, chorales ou instrumentales dans lesquelles s’expriment toutes ses influences et inspirations où l’on retrouve souvent entrelacés l’Orient et l’Occident.

Quelques exemples de ses dernières créations:

-El Nafas, opéra en langue arabe
-Silencio, concerto pour hautbois et cordes en mi mineur
-Ramâd, poémes symphoniques pour piano et viola
-Issue, musique de ballet de Eugénie Andrin
-The Wyld, comédie musicale de Thierry Mugler
-Les Jours et les Nuits de l’Arbre Coeur, opéra-ballet
-La Légende de Néré, oratorio pour Orgue et Choeur

Plateau

Trois comédiennes de théâtre de talent portent cette pièce et ont créé l’œuvre en 2018 au Théâtre de l’Epée de Bois- Cartoucherie Paris

Danièle Meyrieux dans le rôle de Beata, la veuve
Pauline Moingeon-Vallès dans le rôle de Fausta, l’exilée
Mélodie Le Blay dans le rôle de la jeune fiancée, Laeta.

 La mélodie du violoncelle d’Eléonore Siala Bernhardt vient ponctuer, accompagner la composition musicale donnée en bande son et le jeu des comédiennes

Scénographie

La scénographie, volontairement épurée veut laisser l’accent sur les mots et la performance des 3 comédiennes : espace sans décor, habillé d’un tulle, séparation du réel et de la mémoire, univers subtil de lumières imaginé par William Orrego Garcia, robes de vestales créées par Victor Feres et mélopée du violoncelle d’Eléonore Siala Bernhardt, autant d’éléments qui viendront ponctuer et servir le texte et la composition musicale en suggérant la sensualité, la mystique du temps, mais aussi l’attente de l’être désiré et tous les paysages irréels ou concrets , célestes ou charnels qui nous feront voguer au fil de l’histoire dans un voyage d’une nuit…

Du crépuscule jusqu’à l’aube…

Mise en scène

De Tarik Benouarka
« J’ai souhaité que la mise en scène et la musique soient l’écrin de la grâce absolue de la poésie de Claudel »

Ma lecture de l’œuvre se fonde sur l’idée que la féminité est un langage pour décrire le monde… C’est une ode au désir ; désir comme autre forme de rencontre… Celle de l’imaginaire et du monde réel.

J’ai imaginé la Cantate à 3 Voix comme une rencontre entre le surréalisme et le romantisme, incarnée par une direction d’acteurs et le corps d’une musique chargée d’émotions paradoxales et de sentiments qui se mélangent ou s’entrechoquent.

Les Cantiques sont ces moments de grands solos dramatiques où chacune des héroïnes, à son tour, scande sa passion, accompagnée par une couleur musicale qui lui est propre et la suivra tout au long de l’œuvre en se conjuguant avec les paysages et émotions suggérés par le texte. A certains moments, les 3 femmes se retrouvent…dialogues illustrés par des touches de musique, mêlées de sons de la nature, comme le vent, la pluie ou le déchirement d’un orage.

 L’histoire se déroule en un seul lieu, une seule nuit, dans une rencontre sans intrigues ni drames mais au subtil dénouement.

En entrant dans les mots, en s’ouvrant aux poèmes, on voyagera à travers les souvenirs, les désirs, les regrets, les attentes de Laeta, Beata et de Fausta.

Création à L’Epée de Bois - Cartoucherie Paris 2018

La pièce a été créée en octobre 2018 au Théâtre de l’Epée de Bois à la Cartoucherie de Vincennes- Paris avec dans le rôle de Beata, Daniele Meyrieux, Pauline Moingeon-Vallès dans le rôle de Fausta et Mélodie Le Blay pour Laeta.

Violoncelliste : Eléonore Siala Bernhardt
Mise en scène et Musique : Tarik Benouarka
Lumières : William Orrego-Garcia
Costumes : Victor Feres

Vidéos

Diaporama - La Cantate à 3 voix - Claudel - musique et mise en scène T.Benouarka - oct 18
Extraits (3'30) "La Cantate à 3 voix" - Claudel - musique & mise en scène T.Benouarka

La presse en parle

« Le public est transporté par la grâce de la scénographie, des somptueux costumes, de la musique envoûtante et des mots sublimes de Claudel… Un spectacle qui glisse comme un songe. Un délice »
Froggy’s delight

« Poème musical dansé… Le poème de l’auteur fait écho à une forte présence scénique où l’émotion soutenue par un violoncelle fait gracieusement chorus a l’œuvre… Le verbe se fait chair, l’émotion sécrète son suc »
La revue du Spectacle

« Et c’est toute la force, toute la beauté, toute la magie de cette version de la Cantate à trois voix, voulue, imaginée par Tarik Benouarka : c’est une réussite d’élégance et d’intelligence. Il a imaginé la Cantate non pas comme une pièce de théâtre mais comme une œuvre totale mêlant théâtre, messe et opéra… C’est joliment dramatique, tranquillement mystique, furieusement lyrique »
La Grande Parade

« Même si la poésie n’est pas votre forme d’art préférée, lorsque que c’est aussi bien interprété, lorsque c’est l’art d’écriture d’un Claudel, les rimes ne peuvent que vous transporter. Et c’est notamment le cas ici où le lieu, la mise en scène, l’écriture vous transportera. Allez-y sans hésitation ! »
Des Jeunes et des Lettres

« Une récompense attend le spectateur… La musique fait corps avec les vers, l’enlace en une étreinte fébrile »
La Croix

« Sensualité poétique »
Holybuzz